step (s2 - mar, 7h30)

Il a croisé @Vega qui s'engouffrait sur le même sentier que lui : direction la falaise pour se chauffer les jambes. C'est un truc qu'il a pris l'habitude de faire, Gil, depuis qu'il a calqué au max son rythme de vie sur celui du lever et coucher de soleil. Le matin, quand il ne fait pas trop froid, une bonne marche pour se plonger dans la journée. Quand il stationne près des côtes ça lui permet généralement de piquer une tête et se faire une session de surf sous la vagues fraîches. Ici, au bout de deux semaines, il s'est déjà laissé happer par certaines habitudes intimement liées au campement. Il navigue sans trop se prendre la tête, râle parfois de certaines tâches communes qui l'emmerdent, puis laisse le temps filer. C'est pas un terminator, Gil, il n'a pas l'impatience de ceux qui doivent absolument faire quelque chose de leurs jambes ou de leurs bras. Mais il aime bien ces moments en (presque) solo qu'il s'accorde et qui lui rappellent son mode de vie itinérant, mains sur le volant et pensées tournées vers la contemplation du paysage. Il lui faut un bon quart d'heure d'ascension avant de rompre le silence religieux qui les entoure, Vega et lui. Tu te plais à Vegas ? J'veux dire, c'est super... fake, non ? Forcément il y a été quelques fois Gil. De LA c'est pas une énorme trotte et ça fait partie des indispensables d'un jeune californien qui veut s'arracher la gueule le temps d'un week-end. Mais le retour lui plaisait autant que l'aller. Ca te manque pas l'Espagne ? Il pose son regard sur elle, sourire fin au coin des lèvres. Gil il est toujours tiraillé par son coeur qui bat parfois Portugal et parfois US, alors il s'accroche faussement à Vega comme à quelqu'un qui le comprend mieux que d'autres.

Ce n’est pas ce qu’elle avait prévu, la rando à deux. Levé avec le soleil, elle s’était dit qu’un petit moment seul à se dégourdir les jambes ne serait pas de trop. C’était sans compter sur @Gil, calé sur le même horaire que l’espagnole. Elle laisse les choses se faire, parce qu’elle aurait pu aisément tomber sur quelqu’un d’autre. Le genre trop bavard à ne pas respecter les moments de silences qu'on incombe au matin. Elle imagine aisément un ukulélé en folie la suivre jusqu’à la falaise. Ce qui lui donnerait l’excuse parfaite pour sauter. Gil, il garde le silence un temps, laissant les minutes s’égrainer, s’étirer, en même temps que la lumière du jour s’installe. Ce n’est pas elle qui allait rompre le silence, elle qui s’était contenté d’un hochement de la tête pour « bonjour ». Son regard azur se pose sur la mâchoire de Gil, qui la questionne sur Vegas. « Je suis superficielle, j’imagine que c’est à mon image. » Elle répond dans un premier temps, avant de réfléchir véritablement à la question. Non, elle ne se plaisait pas vraiment à Vegas. Ce qui lui plaisait suffisamment c’était sa liberté. « Je vis du poker, Vegas me semble approprié. » Sans être l’unique ville qui propose des tournois avec de gros gains. Elle élude la question, forcément. « L’Espagne oui, la vie que j’avais en Espagne non. » Elle répond brièvement en regardant devant elle. « Qu’est-ce qui t’a amené à quitter le Portugal ? » Elle cale son regard sur lui, curieuse. Il porte haut les couleurs de son pays natal, même s’il n’y vit plus. Elle ne serait pas surprise de voir une certaine nostalgie coloré son regard, en repensant à sa vie là-bas.

Il se serait attendu à tout sauf à cette réponse, Gil. Parler avec @Vega c'est comme traverser un pont en bois aux planches centenaires. Faut avancer sans réfléchir et sans anticiper quelle pièce va céder. Au fond, c'est toujours celle qu'on ne suspectait pas qui finit par craquer. Il tourne la tête pour soutenir son regard clair. Elle rigole jamais vraiment Vega. Parfois elle laisse transparaître un sourire, mais c'est toujours un sourire teinté de défi. Dans ce cas faut venir à LA, way better. Il contrebalance en un haussement d'épaules. Il en connait des rayons sur le sujet le brun, merci maman. Boum tu poses au bord de la piscine comme çaaaa. Il s'appuie contre la paroi rocheuse, épaules en arrière, bassin en avant, yeux fermés et tête tournée vers le soleil. Ah - rajout d'une main dans ses cheveux. J'ai fait Vogue Portugal quand j'avais 7 ans. Vérité ou mensonge, nul ne le saura. Il se moque de lui même en la titillant, convaincu qu'elle lui revaudra ça. Gil, de toute façon, il a trop de second degré et d'insouciance pour réellement calculer chacun de ses mots. S'il a envie de se marrer il ne lésine pas. Mais il connait assez les feintes d'introspection pour comprendre quels sujets valent la peine d'être approfondis. Le sous-entendu à la vie espagnole n'en est pas vraiment un et ça trigger direct sa curiosité. Tu vas me laisser dans l'incompréhension comme ça ? Il la rattrape, la devance et marche en arrière pour lui faire face. Facile, ma mère est ricaine et mes parents ont décidé qu'ils voulaient rechanger un peu de vie. Elle en avait marre de bosser au Portugal, ça excitait mon dad de se lancer autre part et voilà. Ea-sy. Il balaye ça calmement pour se reconcentrer sur ses mots à elle. C'est ça qui est intéressant, là tout de suite. Cette façon qu'elle a eu de se soustraire à ses interrogations en lui renvoyant la balle. Il est pas dupe, Gil, même s'il compte pas faire le méga relou. Il se retourne pour se replonger dans le silence et avancer à ses côtés, au cas où ça la dérange de trop se dévoiler.