swaying in the sunset (semaine 1, mercredi - 21:00) (gil)

Hirono a trouvé cette cabane coincée dans un arbre par hasard en explorant la forêt et les alentours de la rivière. Y'a tout ce qu'il faut dedans, et la hauteur, c'est surtout parfait pour éviter de finir rongée par les puces de sable au bord du lac. Pour l'instant, elle a été relativement épargnée, mais ça ne fait que retarder l'échéance. Ronnie a roulé son sac de couchage, dans le sac en tissu calé dans son dos, et escalade l'échelle alors que le soleil se couche à peine malgré l'heure tardive. Elle est plutôt habituée à voir la nuit tomber dès dix-huit heures malgré la vie insulaire, Hirono, mais c'est appréciable de profiter du soleil un peu plus longtemps. Elle passe la tête en haut de l'échelle pour jeter son sac de couchage dans la cabane, pour tomber nez à nez avec... des pieds. Qui, en levant la tête, appartiennent donc à @Gil, alors que Ronnie ne s'attendait pas vraiment à croiser quiconque là-dedans. « Oh, bonsoir, » elle lâche par réflexe, surprise. Ils ont visiblement eu la même idée, sauf si Gil est juste là pour admirer l'horizon avant de retrouver le campement. « Je pensais que je dors dedans aujourd'hui. Mais je peux partir ailleurs, » elle ajoute, faisant preuve de courtoisie, en se hissant dans la cabane tout de même depuis l'échelle.

Elle s'attendait pas à croiser quelqu'un là-haut, mais visiblement, son arrivée ne dérange pas @Gil qui l'invite à s'installer. « Pardon, » elle glisse en se hissant dans la cabane depuis l'échelle avec un sourire, pour se redresser et regarder un instant l'horizon et le soleil couchant. « Ah, euh, oui, il est tôt ? » elle fait, hésitante. Un peu perplexe face au candidat qui affirme qu'il est "tôt" - dans sa tête, à Ronnie, il est plutôt tard, malgré le soleil, mais peut-être qu'elle confond les mots, encore, alors elle se contente de hocher la tête comme pour aller dans son sens, dans le doute. « Il est neuf heures je pense, » elle ajoute. Elle a laissé la tablette qu'on lui a donnée au QG des Ours, pas très douée en réseaux sociaux. Ronnie a pas encore vraiment attrapé le réflexe d'alimenter sa page, en comparaison avec certains. Gil a visiblement retenu son job dans sa présentation, alors que Hirono galère encore avec les prénoms de certains. Ou alors, c'est d'essayer de se rendre utile qui a fini par voguer de bouche à oreille. « Ah oui oui, c'est moi... je crois ? » elle répond avec un petit rire embarrassé - à moins qu'il n'y ait un.e autre plongeur.euse ? Hirono vient s'asseoir contre la paroi de la cabane à son tour, prenant son sac de couchage sur ses genoux, pour essayer de raconter comme elle peut, au vu de l'enthousiasme de son camarade. « Moi ma grand-mère est ama, alors elle a appris ma mère à faire ama aussi. Que les femmes qui est ama au Japon, » elle raconte, sans trop savoir si elle doit entrer dans plus de détails ou si c'est suffisant pour son interlocuteur. « J'ai commencé ama quand j'étais douze ans avec ma grand-mère, parce que avant c'est un peu trop jeune. » Préférant attendre que ses poumons soient assez développés avant de lui demander d'aller passer cinq heures par jour dans l'eau pour ramasser des coquillages. Avant ça, c'était plutôt attraper des criquets, des poissons et des crabes à la main avec des copains, son activité principale pendant leurs heures perdues de mômes des îles. « Toi tu connais plongée aussi ? » Si il se montre si enthousiaste, peut-être que ça lui parle particulièrement ?

Ça a pas l'air de le déranger qu'elle débarque, à @Gil, qui a visiblement la conversation assez facile, sans être intimidant non plus - pas comme certains autres profils que Ronnie approche avec un peu plus de méfiance ou d'appréhension, parfois infondé. Elle l'écoute décrire son train de vie avec attention en hochant la tête au fur et à mesure, marquant la cadence dans un réflexe purement culturel que certains risquent de peut-être trouver étrange ou agaçant. « Nomades ? » elle répète avec une mine un peu hésitante. Pas sûre de comprendre ce mot-là, qui semble pourtant au centre du train de vie décrit par Gil. « Oui, je comprends. » Vivre avec le soleil, elle comprend complètement - c'est l'une des nombreuses choses qui lui avait cruellement manqué en quittant Ishigaki pour la capitale, et l'une des choses qui l'avait aussi fait revenir très - trop ? - vite. « À Nosoko dans l'été le soleil commence à six heures, mais il finit tôt... on pense il est dix-neuf heures maintenant, c'est bizarre, » commente Hirono avec un léger rire. Pas habituée à voir autant de lumière à vingt et une heures passées, alors que sa grand-mère serait déjà couchée à cette heure-ci. Les questions de Gil sur son activité fusent aussi, aussi sincères qu'enthousiastes, et ça prend un peu de temps à Ronnie pour trouver ses mots, pas très habituée à expliquer tous ces détails dans une langue étrangère. « Pas combinaison, juste masque. Et isonomi, couteau. Mais dans autres villes dans le Japon, la mer est froide alors elles prennent combinaison, oui, » elle répond en secouant puis hochant la tête. Elle a de la chance de vivre à Okinawa, parce que les ama de Mie ou de Wakayama ont clairement pas le luxe de pouvoir pêcher dans des eaux relativement tièdes. Même pour la saison, elle a un certain avantage, bien que le job vienne avec ses us et coutumes. « Ça dépend du coquillage. Parfois en été de Okinawa, on ne fait pas trop la pêche parce que déjà, il y a typhon, et puis surtout les coquillages sont petits alors il faut attendre qu'ils deviennent gros. C'est les règles de ama, il faut respecter la mer, » elle explique, les gestes se mêlant à la parole. « Si trop la pêche, il n'y a plus les coquillages. » Et ça, elle a pas besoin de trop expliquer plus longtemps pourquoi ce serait un désastre écologique. Leur activité vient avec son histoire et éviter la sur-pêche, c'est l'un des principes de base. L'emploi du passé pour parler de ses activités de photographe, ça, Ronnie le laisse pas filer, ça l'interpelle. « Tu faisais la photo ? » Comme si elle venait de mettre la main sur un camarade, en parallèle avec son propre parcours un peu chaotique de gosse qui sait pas vraiment à quel monde elle appartient. « Pourquoi tu arrêtes ? » Ça semble être incroyable, surtout quand Gil mentionne rencontrer plein de monde, ça semble quand même l'avoir passionné. Mais elle est gênée et secoue la tête, Hirono, en secouant les mains avec. « Oh moi, non, je ne suis pas... je suis juste une fille normale qui fait ama... » elle fait avec un rire embarrassé. C'est pas si différent de la plongée ou de la pêche classique, juste quelque chose de rudimentaire un peu en perdition que peu de gens connaissent en dehors du pays. Peut-être le seul truc un peu exceptionnel qu'elle peut avoir dans son profil, au final.

Les explications de @Gil sur le terme inconnu vont vite et sont relativement fournies, mais elle suit, Ronnie, en hochant la tête au fur et à mesure qu'elle recolle les morceaux. « Oh, je comprends, d'accord, » elle finit par confirmer. Yuubokumin, c'est le terme qu'elle associera pour cette traduction. Un concept qui ne lui est pas très familier, pour être honnête. « C'est cool. Je connais pas si ça existe au Japon... » Elle imagine plutôt ça au Moyen-Orient ou en Afrique, par pur cliché, même si le concept de vivre au gré de ses envies dans la nature, ça lui semble être quelque chose de plutôt positif, elle qui a si mal géré la vie citadine et les obligations sociales pour revenir fissa sur son île de son côté. « Va- va-n-du-e-la... vandwellers. » Essayant de découper les syllabes pour le prononcer correctement, malgré l'accent et la retranscription dans des sons qu'elle connaît mieux. « Je connais pas ce mot avant, » admet Hirono en secouant la tête avec un sourire. « Pourquoi tu as décidé de faire vandwellers ? » Ça semble être une décision récente et surtout peu commune, de laisser une vie classique comme la société le voudrait pour ce genre de rythme. Gil semble montrer un intérêt tout particulier pour les termes que Hirono emploie pour décrire son activité et ses outils, ajoutant des détails lorsqu'il demande d'apprendre à l'écrire. « Iso, c'est signe pour... la plage ou le bord de la mer, mais avec rochers ? No mi, ça veut dire... seulement pour utiliser ? avec iso, ça fait, seulement pour utiliser sur la plage avec les rochers... mais c'est pas vraiment comme ça, parce que isonomi c'est couteau pour la mer et les coquillages. C'est difficile expliquer...  » Les notions de grammaire, elle ne les a jamais vraiment pensées de cette manière, expliquées pour un anglophone en anglais, mais elle essaie quand même avec ses mots bancals. « Si tu as le iPad, je peux montrer iso. C'est compliqué, » elle ajoute avec un petit rire. Pas exactement le kanji le plus simple à retenir et à écrire, pas de chance. Elle hoche la tête lorsque Gil réagit à son explication de leurs habitudes de pêche, ça a l'air de le faire tilter un peu, les éléments écologiques des principes qu'on lui a appris. « Oui, je pense. » Hirono hoche la tête aux deux déclarations, bien d'accord avec tout ça sans pour autant avoir grand chose à ajouter - elle plonge et elle pêche, mais c'est pas une spécialiste de l'environnement pour autant. « Ah, d'accord, je comprends, » elle commente sur le destin funeste du studio photo de Gil. Même elle, si elle avait pas eu son double passeport pour pouvoir aller et venir entre les États-Unis et le Japon, sa participation aurait été compromise - en plus de voir les avantages et les inconvénients de la pandémie sur toute l'économie du Ryukyu. Le mot employé par Gil pour décrire ce qu'il faisait la fait tiquer, à Hirono, elle découpe le mot d'un air pensif avant de relier les points. « Train...hopping... oh ! Oui oui je comprends ! » De l'avantage non-négligeable de son anglais rudimentaire, couplés à une langue maternelle employant pléthore d'anglicismes. « C'est dangereux je pense, oui ? Et la police aussi ? » elle renchérit en guise de réaction à une telle activité, dont elle n'avait encore jamais entendu parler non plus. Sauter sur ou depuis des trains en marche, c'est peut-être sa définition du train nippon qui influe sa vision de la chose, mais malgré l'adrénaline, ça lui semble surtout un peu inconscient. Elle doit sans doute louper un truc. « Quand je suis ama je fais plongée et pêche, et vendre les coquillages au marché avec ma grand-mère, aussi. Mais quand pas le droit de pêche, je travaille dans conbini... comme très très petit supermarché ? » elle explique sur son activité hors-saison. Rien de bien original, gérer la caisse, la mise en rayon, le ménage et les machines à café, entre autres millions de micro-tâches dont elle est responsable comme employée-à-tout-faire. « Avant je faisais les études mais j'ai arrêté, et revenue à Nosoko. » Elle s'étale pas trop, malgré les quelques années depuis ce retour, elle a pas encore totalement digéré son échec, Ronnie. Être ama et perpétuer la tradition familial, au final, elle n'a pas pu y échapper bien longtemps, comme ancré dans son ADN, et aujourd'hui, elle se rend compte à quel point ça a pu la sauver aussi.